Pourtant
aujourd’hui, au XXIème siècle, à la
veille de la procession du pèlerinage de la chapelle Saint-Robert, une voiture
était venue s’arrêter devant les tentes. La voiture était immatriculée dans
l’Oise limitrophe. C’était un vieux modèle de Renault 16 au bas de caisse
bouffé par la rouille. Une femme d’une quarantaine d’année en était descendue.
Elle portait un jean noir élimé sur ses santiags défraîchies et un tee-shirt à
l’effigie passée de Johnny Halliday. Apparition incongrue dans ce site de paix
et de recueillement. Le responsable ecclésiastique de la journée du lendemain
était sur place avec un jeune stagiaire séminariste boutonneux pour poser les
derniers détails.
- - J’ m’excuse ! C’est bien la
chapelle de Saint- Robert ?
L’accent
était du fin fond de la Picardie. Un accent de « t’Chio picard ».
- - Oui.
- - Le pèlerinage ? C’est demain ?
- - Oui, ma fille.
- - C’est vrai qu’on peut toucher le Saint
et que si on le touche à l’endroit où on a mal, ben on a pu mal !
- - Ma fille, cela n’est pas possible, c’est
la foi qui aide à la guérison.
- -Mais on m’a dit que si on touche le
Saint à l’endroit où on a mal le jour de la Saint-Robert, et ben on a pu mal.
- - Ma fille, c’est de la superstition. Vous
croyez en Dieu ?
- -…Oui.
Le
ton était hésitant et l’affirmation incertaine.
- - Alors vous savez que seule la foi peut
vous guérir, par la prière.
- - Mais je pourrais quand même toucher Saint-Robert
demain ? On me laissera entrer dans la chapelle ?
- - Oui, vous pourrez entrer dans la
chapelle et voir le gisant du Saint, mais la foi….
- - Merci.
Elle
était remontée en voiture et avait filé. Elle reviendrait le lendemain et
toucherait le Saint à l’endroit où elle avait mal. Et ce, en dépit de l’effort
du curé pour l’exhorter à ne pas le faire. Restait à espérer que l’endroit à
toucher soi décent.
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