Le poilu de Vaux (extrait)




Au retour, Georges n’avait pas retrouvé Armand. Il l’avait cherché partout, réclamé partout, mais rien à faire, Armand manquait à l’appel. Le 29 au soir se faisait la relève. En six jours, le régiment avait perdu dix sept hommes, pour quatre vingt quatorze blessés et vingt huit soldats portés disparus. Les corps qui n’étaient pas retrouvés avaient le plus souvent été soufflés par une bombe ou ensevelis sous un geyser de terre. Georges s’était senti vide de l’absence d’Armand. Depuis le début des affrontements, il avait vu des quantités de morts, des monceaux de blessés, des kyrielles d’agonisants qu’on ne peut pas aller secourir.  Dans cette guerre, on tirait même sur les ambulances. L’horreur était tellement omniprésente qu’elle en devenait familière et banale. Avec Armand, un être de chair et de sang disparaissait, mais aussi une âme qui l’avait touchée. Alors, Georges s’était caché dans sa vareuse, il avait senti sa gorge se nouer, ses yeux le brûler et il s’était mis à sangloter, avec de petits cris de souris étouffés, tout ce qu’il n’avait pas su pleurer avant.

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