samedi 11 décembre 2021

 

Nouvelle de Décembre     photo Mahe



Allégorie du coq



Serge était un fier coq. Il régnait sur un univers de neuf poules. Ce qui, à l'échelle du humble hameau où se trouvait sa modeste ferme, représentait une population très honorables. Il menait une vie paisible de coq. Après son appel du matin, qu'il s'égosillait à lancer du point culminant du tas de fumier, il passait le reste de sa journée à se pavaner dans la cour crottée. À peine s'agitait-il par moment en cochant quelque poule, pour assurer sa fonction et asseoir son autorité. Sans avoir de calendrier, il connaissait les jours par les noms qui étaient donnés à ses poules. Le fermier ne manquait jamais de souhaiter sa fête à la poule du jour. Il avait néanmoins des attitudes désordonnées, disant parfois à une poule dont ce n'était pas la fête : « ça va être ta fête ! ». Serge avait fini pas se rendre compte qu'au décours de cette affirmation erronée, la dite poule disparaissait. Mais elle était remplacée par une plus jeune. Aussi, Serge le coq ne s'inquiétait-il pas plus que ça. Il était le maître de ce petit monde et sa souveraineté s'exerçait sans réserve, jusqu'au premières alertes d'attaques de renards.

Les premiers signalements avait été fait pour la Sainte Marguerite, deux ans plus tôt. Des renards sanguinaires avaient décimé des basses-cours entières. Ils faisaient preuve d'une cruauté jusqu'alors inconnue. Ils saisissaient leurs proies à la gorge, mais prenaient soin de les emportées vivantes, gesticulantes de désespoir. Ils laissaient sur place des dépouilles agonisantes, qui ne tardaient pas à périr, ou qui ne s'en remettaient jamais. Toutes les poules se caquetaient la nouvelle. Elles avaient peur pour leurs petits. Serge le coq avait clamé que c'était loin. Que ça ne viendrait pas jusqu'à eux. Qu'il n'y avait pas à s'inquiéter. Marguerite la doyenne lui avait tenu tête, ralliant avec elle toutes les poules qui aspiraient à être protégées. Serge avait continué d'affirmer que ce n'était qu'une fausse alerte. Que la chose devait être exagérée.


Le fermier, lui, avait pris la menace au sérieux. Il avait pris les mesures nécessaires pour garantir la vie de ses poules. Il avait envisager une sauvegarde. Il avait construit un poulailler sur pilotis, dans lequel les poules montaient par une échelle avant la tombée de la nuit. Serge le coq avait catégoriquement refusé de s'y rendre. Le soir venu, il s'échappait. Il prétendait que ce poulailler attentait à sa liberté individuelle. Il estimait qu'il s'agissait d'un faux prétexte pour faire se tenir tranquille les poules. Il mettait en doute la réalité des faits.


Pendant que les poules étaient contraintes dans le réduit du poulailler, Serge le coq paradait entre les pilotis au-dessous, pour bien faire voir qu'il ne craignait pas ce péril imaginaire. Pour ne pas dire imaginé de toute pièce par le fermier, afin de tenir en dictature ses poules craintives. Marguerite avait beau mettre Serge le coq en garde, il ne l'écoutait pas. Elle avait beau lui dire que, non seulement il risquait pour sa propre vie, mais qu'il les mettait tous en péril, en attirant le renard par son attitude irresponsable. Serge le coq n'avait plus aucune capacité de réflexion intelligente fasse à l'évidence. Comme si être contre était plus important que de savoir pourquoi. C'était une position, une fierté, comme celle de chanter tous les matins les ergots maculés de fumier.


Le temps semblait lui donner raison, puisque rien ne se produisait. Pourtant le danger se rapprochait, le renard rodait, tapi en lisière du bois tout proche, il attendait son heure, il observait. Les poules de cette basse-cour, nourries au grain, lui paraissait bien dodue. Mais il y avait ce poulailler en hauteur qui l'empêchait dans son entreprise. Il cherchait le moyen de déjouer le protocole mis en place, mais rien ne lui semblait possible. Jusqu'à ce qu'il remarque Serge le coq, qui refusait de se prémunir dans le poulailler.


Le renard avait attrapé le coq le jour de la Saint Émile, martyr mort à Carthage au IIIème siècle. Il l'avait saisi au jabot et avait détallé avec. On avait pu entendre longtemps, s'éloignant, le battement inutile et effrayé de ses ailes, accompagné du couinement aigu que seul la prise lui laissait avoir. Le renard avait pris soin de l'étouffer lentement, en resserrant sa mâchoire sur son cou. Juste assez pour qu'il ne s'échappe pas. Bien assez pour qu'il en souffre. Ses dents acérés auraient pu le tuer net, d'un coup sec. Mais il avait préféré l'égorger lentement, pour qu'il se noie dans son sang. Une agonie lente, à manquer d'air, pour lui laisser le temps de regretter de ne pas être monté dans ce funeste poulailler.

jeudi 4 novembre 2021

 Nouvelle de NOVEMBRE

photo Mahe

Le principe d’Heisenberg*

*principe de microphysique selon lequel il est impossible d’attribuer à une particule, à un instant donné, une position et une quantité de mouvements déterminés.


Elle était partie trop juste, au dernier moment pour être exact. Comme à son habitude d’ailleurs, surtout lorsqu’elle estimait avoir tout le temps. Elle s’était un peu dépêchée sur la route. Pas tout à fait certaine d’arriver à l’heure tout de même. S’opposant que n’était pas si grave et qu’elle n’allait pas si loin. Pourtant, elle ne voulait pas être en retard, par respect pour Annie. Même si son amie n’était plus en mesure de remarquer, ni lui reprocher, ce manquement. Car par contre, elle se souciait peu du jugement d’autrui. Néanmoins, être en retard était un peu se donner de l’important, se faire remarquer. Paradoxe de la situation ; d’une part ne pas faire cas du regard des autres, d’autre part attirer l’attention sur soi. En fait, elle n’aimait surtout pas suivre les conventions. Partir à l’heure pour ne pas arriver en retard en était une. Avoir une vie bien rangée, tirée au cordeau, sans vague ni remous, lui paraissait d’un ennui plat. Se mettre ainsi en situation « de ne pas y arriver », sur un enjeu aussi minime soit-il, lui correspondait bien.

Francine l’avait prévenue de se garer au château, pour éviter les travaux rue de l’Hôtel du Croissant. Passé le pont, au rond point, elle avait hésité à redescendre sur les berges, pour être prête à repartir. Mais avait décidé de monter tout droit. Elle n’était pas encore en retard. Il lui restait quelques infimes minutes. Elle serait plus près. Sauf qu’elle n’était pas la première ni la seule, place du château. La situation était prévisible. Annie avait énormément d’activités et pour chacune pléthore d’amis, tant elle était aimable, vive, intéressante, drôle, intelligente, pétillante….Elle énumérait à l’emporte pièce les milles et une qualités de son amie Annie, en tournant forcenée sur le parking bondé, ajoutant un superlatif à chaque virage d’allée, sans trouver la moindre place. Quand elle s’était insurgée : « Annie ! Tu pourrais m’aider un peu, je vais être en retard. ». Elle était redescendue du parking et, voyant le petit escalier en face, s’était dit qu’elle pourrait tenter sa chance par là, près de chez Annie justement. Elle avait bien repéré que d’autres retardataires tournaient, comme elle, telles des lucioles autour d’un falot, et qu’ils n’allaient pas tarder à attaquer le parking de la Mairie. Elle avait donc fait le tour et, au fond de l’impasse, avait découvert l’école de danse, celle que fréquentait Annie. Il y avait une place libre juste à l’entrée. « Merci Annie ».

Elle avait dévalé les marches, était remontée jusqu’au château, avait longé les remparts, grimpé la ruelle du Croissant et était arrivée sur le parvis de l’église Saint-Laurent, juste à la fermeture des lourdes portes, quand les officiants des pompes funèbres entassaient les corbeilles, gerbes et couronnes dans le corbillard. Elle était entrée par la petite porte latérale et avait été happée par l’envol de pierre de ce lieu sombre et solennel. Elle s’était faufilée sur la droite, repérant un banc libre le long du mur et s’y était assise prestement avant que le prêtre ne prenne la parole. La bibliothécaire, assise dans une travée extérieure de la nef, lui avait adressé un signe de tête et un petit sourire en la reconnaissant. Elle avait profité de l’invite à se lever pour la rejoindre en quelques enjambées et se tenir à ses côtés. Elle n’était pas une assidue des lieux de culte, mais savait s’y tenir pour rendre hommage à ceux qui choisissaient de sortir, ou d’entrer d’ailleurs, par cette porte. Elle écoutait les homélies, les lectures, les témoignages, mais laissait facilement son esprit vagabonder aux moments des prières. Ainsi se perdait-elle dans la contemplation des prouesses humaines architecturales. Elle repérait les étapes du chemin de croix, localisait les sculptures et tableaux, admirait les vitraux. Nous étions un jour triste de Janvier aussi, en ce début d’après-midi, la lumière mettait-elle peu d’éclat dans les verres de couleur. Pourtant, au bout du transept sud-est, face à elle, une vierge indigo avec à ses pieds une tache fuchsia, attira son attention. Plus lumineuse, elle semblait irradier. A mieux y regarder, il lui sembla même qu’elle tremblotait un peu, à peine. Un infime vacillement, une discrète mouvance, une vie où on ne l’attendait pas.

Elle se dit qu’elle subissait une sorte d’hallucination. Que la majesté du lieu, sa teneur mystique, l’encens qui entête, la mélopée qui charme, étaient là pour endormir les sens et en distordre la perception. Elle tenta de se concentrer sur la cérémonie. Mais, plus les voix des « Chœurs de France » s’élevaient vers la voûte, plus son œil était attiré par l’incroyable. A présent, cette vierge dansait presque, d’allégresse et de béatitude, en un mouvement à peine perceptible et à la fois si évident, si présent, si dérangeant. Elle était troublée, essayant d’en détourner le regard et tout à la fois aimantée par cette apparition irréelle. D’autant qu’il semblait que cette vierge prenait vie pour elle seule. Personne d’autre ne semblait la remarquer. Elle doutait. Elle ne pouvait s’empêcher de penser au « Château intérieur » de sainte Thérèse d’Avila. Elle se demandait si elle n’était pas, elle-même, touchée par la grâce. Elle, l’athée convaincue et pour ainsi dire pratiquante. Qu’advenait-il tout à coup ? Déjà cette place providentielle devant l’école de danse, juste après qu’elle ait demandé l’aide à son amie défunte. Elle parlait souvent aux disparus. Ils étaient ses familiers. C’était sa manière à elle de leur témoigner son attachement, leur parler comme s’ils étaient toujours là. Mais elle n’avait pas pour habitude qu’ils lui répondent.

Elle avait réussi à se focaliser sur l’hommage de Pierre, tellement fort, poignant, aimant. Il avait terminé sur une boutade, dans l’esprit même d’Annie. Il avait raconté qu’à la fin de son dernier spectacle, alors que la troupe échafaudait sur les projets à venir, Annie s’était proposée d’écrire un texte sur un boxon, avec ses filles et ses maquereaux. Elle avait sourit à cette évocation en pleine église. Pierre avait conclu par cette phrase : « Et bien non, Annie, tu ne seras jamais maquerelle dans un bordel ! ». Elle avait presque ri et soufflé à la bibliothécaire : « Dommage, ça lui aurait bien été ! ». L’autre avait répondu : « Oh oui ! », en pouffant. Il ne s’agissait en aucune façon de se moquer d’Annie et encore moins de lui manquer de respect, tout au contraire. Ce trait était fidèle à tout ce qu’elle avait en elle de pétulance et de ressources.

A cet instant précis, le soleil avait inondé de lumière l’intérieur de l’église par tous ses vitraux, frappant la façade occidentale, comme un signe divin de la présence de son amie. Elle avait immédiatement considéré la vierge bleu indien, qui était transfigurée. Elle semblait monter au ciel, miroitant avec une oscillation singulière. Profane, elle ne parvenait plus à en détacher les yeux. Cette vierge ne l’appelait-elle pas à elle ? N’était-elle pas là pour être le témoin unique de son ascension ? La tête lui bourdonnait. Il y avait eu encore des chants, forts et puissants. L’orgue était parti dans des arpèges de Bach, s’envolant vers les cieux, ripant des doigts aux derniers accords tant le rythme s’était endiablé. Les officiants s’étaient avancés dans les allées, pour diriger vers le cercueil les fidèles, avec ordre et méthode. Elle était saisie, la gorge nouée, en alerte. Elle ne savait plus si c’était pour Annie, qu’elle aimait tendrement, avec douceur et sans emphase, ou pour l’imprévisible bonté divine qui la touchait.

Les « Chœurs de France » s’étaient tus, l’orgue également. C’est alors qu’elle l’avait entendue, poussée à plein régime, la soufflerie du chauffage qui levait, devant le vitrail, une colonne d’air chaud, faisant vaciller l’image de la vierge indigo.

 

Une dédicace dans un lieu de mon enfance.

jeudi 30 septembre 2021


 Prochaine parution.

Sortie pour le Salon d'Auteurs de L'Isle-Adam, les 4 et 5 décembre au Château Conti .

Une œuvre collective de l'association LELIA

mardi 28 septembre 2021

 


Pour le plaisir, une nouvelle par mois.
Plusieurs font référence à Ault.

NOUVELLE d'OCTOBRE

Un camembert aussi bon…


Ault-Onival. Je suis enfant. Toute petite. Peut-être deux ans. Les pieds nus sur le sable dur et mouillé. C’est marée basse. Je sautille dans les flaques et mares que la mer a laissées ça et là en se retirant. Le vent fouette mes cheveux dans mon visage. Le soleil est bas. Les dernières familles remontent sur les galets ; paniers, parasols, seaux et ballons multicolores. Le père devant, chargé comme un mulet. La mère ensuite, avec les maillots et les serviettes de bain dans le sac de plage. Derrière les marmots, par ordre de taille, trois, quatre minimum ici. Le petit dernier à la traîne couine parce qu’il se tord les pieds sur les galets. A droite le ruban festonné des falaises s’abaisse sagement à hauteur de digue. Par delà l’alignement strict des cabines blanches, le village bigarré s’étend jusqu’au casino. En haut d’un escalier interminable à paliers, la chapelle de brique. Au dessus d’elle, le phare rouge et blanc. Un phare de livre d’enfant. Le brouhaha confus de l’après-midi, remâché et marmonné par le vent, a fait place au murmure lointain du ressac, une vague par dessus l’autre, loin étirée, mollement.

J’ai voulu savoir quel goût avait le sable. J’en triturais la consistance en le remuant entre mes orteils. J’en ai pris une poignée à pleine main. C’était curieux, à la fois dense et friable, humide aussi, s’échappant entre mes doigts en coulées marronnâtes. J’ai observé un moment, surprise. Puis j’ai porté le tout à ma bouche, sans l’ombre d’une hésitation.

C’était dégoûtant, salé comme la mer quand on boit la tasse. J’ai poussé le pâté de sable hors de bouche de ma langue, avec un hurlement d’indignation pour cette traîtrise de la nature. Mon père a ri et ma mère a crié. C’est sans doute pour cela que j’ai eu une enfance heureuse. Quoi qu’il arrive, mon père riait, prenant tout à la dérision et ma mère criait, mais pour de faux. De peur, de surprise, de colère, ma mère criait pour tout. Du coup ses cris n’avaient plus aucune crédibilité. J’avais ce jour là pris le parti d’être vexée en me ralliant aux cris de ma mère. En grandissant, j’ai vite adopté l’attitude inverse et je l’ai gardé pour l’âge adulte. Celle où rien n’a vraiment d’importance tant qu’il n’y a pas mort d’homme.

Je venais de vivre ma première expérience gustative. A présent, je suis sûre que j’ai voulu goûter le sable ce jour là, précisément, parce que l’éveil des sens le réclamait, ici, maintenant, sur cette plage.

J’avais senti le chaud du soleil sur ma peau et la caresse du vent. J’avais écouté les bruits, tous les bruits, la vague qui se brise, la bulle du bigorneau qui se rétracte dans sa coquille, la succion du pied enfoncé dans le sable et qui s’en extirpe. J’avais emmagasiné du regard toutes les couleurs, le blanc de la falaise, le bleu ardoise de la mer, le chapeau rouge du phare, les maisons bariolées. J’avais respiré l’air marin chargé de sel et reniflé entre les rochers bas cette odeur de varech. Il n’y avait plus qu’à goûter.

A partir de là, Ault-Onival a toujours été mon royaume des saveurs. Dès mon arrivée, à peine sortie de la voiture, je humais le vent pour y retrouver l’odeur de la mer, deux rues plus bas. Il ne se passait jamais un séjour sans les incontournables moules-frites. Sauf que chez nous, c’était moules-chips au four. Il n’était pas question de pommes de terre coupées en fines lamelles et dorée au four, « maison ». Il s’agissait bien de vraies chips sorties du paquet et que ma mère passait au lèche-frittes de la gazinière. J’étais bien sûre que cette curiosité culinaire n’existait nulle part ailleurs. Après le diner, il n’y avait pas la télé, mon père disait : « on va manger une gaufre ?! ». Et on s’y rendait à pieds, en longeant le haut de la falaise. Là aussi, c’était un rituel du goût. Je n’ai appris que beaucoup plus tard qu’on pouvait manger des gaufres ailleurs qu’à Ault et pas uniquement à la nuit tombée. Et il y avait les sucettes de chez Naoum. Ah ça ! Les sucettes de chez Naoum…C’étaient plus des tortillons de sucre d’orge parfumé sur un bâton court de bois. Ma préférence allait à la mandarine, après avoir longtemps laissé la vedette à l’anis. Sans doute parce que mon père disait qu’il l’adorait. Mais en fait nous encensions aussi la nougatine. Elle était couleur rubis avec de larges découpes d’amandes entières. Et aussi la cerise griotte. La menthe, parce qu’elle était blanche et non verte comme partout ailleurs. Le caramel. Le chocolat. Enfin toutes ou presque. Quand les sucettes n’avaient pas été vendues de suite et qu’elles étaient restées dans les bocaux en verre, il se formait une petite croûte de sucre qui leur faisait comme un glaçage. La dent s’y imprimait. La texture était plus tendre, laissant la sucette originelle cachée au dessous. J’ai grandi sans m’être aperçue qu’Ault-Onival m’avait tout apporté en matière d’éveil des sens. Je lui ai gardé cet attachement que l’on croit être celui de nos souvenirs d’enfance, mais qui va bien au-delà et qui est l’essence même de la structuration de la personne.

J’ai toujours voulu faire connaître et partager ce lieu magique à tous ceux que j’aimais. Mes amis, mes parents par alliance, plus tard mes enfants. Pour leur faire vivre ce pèlerinage des perceptions. Tous n’étaient pas adeptes.

Un avril qu’étaient venus deux de mes beaux-frères du moment, ils avaient décrété, à peine arrivé, que ce lieu où il n’y avait que quiétude et richesse de l’espace à percevoir, était sans intérêt et qu’il leur fallait trouver de toute urgence un Trivial-Pursuit. Ils ne s’étaient pas contentés d’aller au Tréport ou à Eu. Le magasin de jouet proche de « la Grande Mademoiselle », pâtisserie fameuse, devait avoir ce genre d’article. Il leur avait fallu aller jusqu’à Dieppe, cinquante bornes, la ville. L’odeur de kérosène des gros tonnages leur rappelant sans doute un peu, nostalgiques, leur pollution parisienne. Ils étaient revenus avec le jeu indispensable et, un camembert. L’un des beaux-frères racontant avec emphase qu’il avait déniché ce fromage fabuleux dans une crèmerie extraordinaire.

A la fin du repas, le camembert fût présenté avec cérémonie, tout seul sur son assiette. Chacun prenant religieusement une petite portion. Il était à savourer sans avidité, vu l’importance qu’on lui octroyait. Or ce camembert était…épouvantablement trop salé. Il me rappelait la poignée de sable de mes trois ans. Chacun se regardait, personne n’osait rien dire. Et le beau-frère porteur de l’offrande mystique de s’exclamer : « il y a longtemps que je n’avais pas mangé un camembert aussi bon. ». J’ai souri, compatissante. Je venais surtout de faire une découverte hors pair. Celle que le snobisme altère les papilles et récepteurs neurosensoriels du goût.

Depuis, l’expression est restée. Quand un plat est quelconque, un aliment insipide, un dessert raté, il n’est pas rare que la collégiale s’esclaffe : « il y a longtemps… ». Et il n’est pas besoin d’en dire plus. Tout est dans le ton, tenir pointu sur le on de longtemps pour en stigmatiser le ridicule. C’est savoureux.

jeudi 23 septembre 2021

 Vous aurez remarqué que Bordetella Pertussis n'était plus très présente sur les réseaux sociaux. Au vrai elle ne l'avait jamais été beaucoup. 

J'admets que j'ai sans doute bien assez de contact "présentiel"(comme on dit maintenant!) au quotidien pour ne pas avoir besoin d'être rassurée sur mon appartenance au groupe par les réseaux sociaux. 

La réalité technique était que j'avais perdu mes codes d'accès et que je ne pouvais donc me connecter qu'au site de création où l'enregistrement s'était fait: mon cabinet médicale. 

Hors mon cabinet médical avait été pris d'assaut par un invisible virus et ses conséquences. Il a même essayé de me faucher au passage, après avoir frappé mon mari. Dans le même temps, il supprimait un confrère à L'Isle-Adam, parmi bien d'autres. Ensuite, quand elle a été possible, je me suis engagée dans le combat par la vaccination. Puis il y a eu l'accident, réponse évidente du corps à trop de sollicitation, avec trois mois de réflexion à la clé. 

Le coronavirus a eu malgré tout pour moi l'avantage littéraire de nourrir un roman en ligne, articulé comme un journal, précieux exutoire dans cette période de pénibilités.

Hors en retrouvant les réseaux sociaux, je tombe sur le post de ce médecin qui préfère être radié que de se faire vacciner! J'essaie direct de supprimer mon compte. Mais comme je suis une bûche dans le domaine du net, je retombe sur mes codes. Je dois donc remercier ce schismatique. Car entendons nous bien, la vaccination est vécue comme une religion. On "croit" en le vaccin ou pas. 

Scientifiquement, ne se parle pas le même langage, se constatent les bénéfices. Le bilan à ce jour est de 80% d'efficacité des vaccins, contre 30% des traitements proposés. Personnellement, j'ai choisi mon camp, puisqu'il faut en choisir un. J'entends déjà le florilège de toutes les objections. La première visant l'ARN messager, dont le concept a derrière lui trente an de recherche et dont l'avenir immédiat est la prise en charge des cancers.

Quel que soit l'avancée proposée, dans quelque domaine que ce soit, il y a toujours les progressistes qui foncent enthousiasmes et les réfractaires qui freinent des quatre fers. Je propose donc de rouvrir le débat dans trente ans. Pour l'instant, les plans sur la comète sont voués à être stérils.

Quant au médecin qui bafoue le serment d'Hippocrate, 

"Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement, et je m'abstiendrai de tout mal et de toute injustice."

il est légitime qu'il choisisse d'être radié.

lundi 20 septembre 2021


Reprise des SALONS

2 OCT                        HERMES ( 60 )
16/17 OCT             SAINT MARTIN DU TERTRE( 95 )
13/14 NOV                MERS LES BAINS   ( 81 )
28 NOV                   BEAUMONT-SUR-OISE ( 95 )
4/5 DEC                     L'ISLE-ADAM ( 95 )
9 AVRIL                    PRESLES ( 95 )

 

vendredi 17 septembre 2021


 Le centre de vaccinations était décoré de dessins des écoles.

Mais elle disait donc vrai!

Toute la partie publiée en mars a déjà disparu.

Elle débutait par la lettre envoyée au ministre de la santé.

Cher Monsieur Notre ministre.




A ce stade de la situation ne s'offre plus qu'une possibilité, celle d'offrir aux usagers la tête du professeur Salomon. Il ne va pas être cette fois possible de mettre, comme habituellement, tout sur le dos des médecins. Ces un à trois flacons de vaccin par médecin, qui ne seront pas réceptionnés cette semaine à venir, ce sont dix à trente personnes qui avaient leur rendez-vous fixés et qui vont être floués. Faites le calcul au nombre de médecins vaccinant et vous aurez le nombre d'électeurs mécontents. Espérez qu'ils ne soient pas tous devant les officines au moment des livraisons, en mode "gilets jaunes", à tout pulvériser. Vous n'avez pas dressé les médecins contre les pharmaciens. Vous avez dressé les votants contre une politique dont vous serez tenu pour responsable.


Mes respects affligés.



mercredi 1 septembre 2021

 SALON DE MOUY 2024 Un accueil chaleureux.  Une journée des plus agréable.  Des échanges, des bons mots et des dédicaces. Tout ce qu'on ...